Notre univers peut-il être le hobby de quelqu’un ? Notre vie peut-elle être sous contrôle total d’une puissance ou d’une intelligence informatique ? J’avais lancé le sujet auprès de certains de mes camarades: « et pourquoi notre vie à nous ne serait-elle pas contrôlée par une tierce « personne » comme nous gérons nous-même nos avatars dans second life ? ».
Il est difficile, tant sur un plan rationnel, que sur un plan raisonnable de penser de la sorte. Et pourtant, un article de John Tierney publié dans la rubrique science du New York Times (re)lance le débat. Le journaliste auteur de cet article n’a lui-même jamais imaginé que l’omniscient, omnipotent créateur de notre monde pouvait être une tierce personne passant ses week-ends, comme devant les Sims, à construire son propre univers, le nôtre. Cette théorie semble néanmoins possible. Selon Nick Bostrom, philosophe à l’université d’Oxford, il est mathématiquement concevable que nous puissions vivre au sein d’une simulation informatique. (sic)
Cette simulation serait alors identique à celle du film Matrix, dans lequel les humains sont en réalité plongés dans des poches de liquide et n’ont pas conscience qu’ils vivent dans un monde d’illusions créé par leurs esprits (notre monde). Dans la notion de réalité du Docteur Bostrom, contrairement au film Matrix, nos corps ne devraient pas être matérialisés de chair et l’esprit ne pourrait exister qu’informatiquement. Nous ne pouvons pas dans ce cas, comme dans le film des frères Wachowski, débrancher notre esprit du monde imaginé et s’échapper de nos poches pour vivre dans le monde physique. En ce sens, il nous est impossible de voir au-delà l’illusion sauf en utilisant la logique futuriste employée par le docteur Bostrom, directeur du Future of Humanity Institute à Oxford.
Dr. Bostrom suppose que les avancées technologiques pourraient permettre la création d’ordinateurs avec plus de puissance de traitement, que l’ensemble des esprits humains rassemblés. Les humains ou « posthumains », pourraient alors utiliser une « simulation d’ancêtres » et créer des mondes virtuels habités par des personnes virtuelles avec un développement automatique et complet de systèmes nerveux. Si notre civilisation vit suffisamment longtemps pour développer ce concept, et si les posthumains lancent ces simulations pour des recherches ou par loisir, le nombre d’ancêtres virtuels serait bien plus important que le nombre d’ancêtres réels. Les chances pour un individu de vivre dans un monde virtuel sont donc très importantes. Il est impossible pour ces ancêtres (nous ?) de savoir exactement si ils sont virtuels ou réels car entre ces deux situations, les signes, les sentiments et les expériences sont impossibles à distinguer.
Les mathématiques et la logique sont inexorables dès l’instant où l’on suppose que plusieurs simulations sont lancées. Il y a cependant quelques alternatives. La première serait que notre civilisation n’atteigne jamais ce stade technologique. L’autre que les posthumains décident de ne pas avoir recours à ces simulations. En effet, les posthumains pourraient très bien avoir d’autres centres d’intérêts ou des techniques meilleures et plus élaborées pour comprendre leur passé. Aucune hypothèse n’est pour l’instant plus prompte qu’une autre et aucune d’entre elles ne peut être exclue. Néanmoins, Nick Bostrom évalue à 20% les chances que nous soyons en train de vivre dans une simulation informatique. Et ce plus que jamais. Aujourd’hui nous pourrions donc être de ces milliers de personnages immergés dans le monde virtuel de second Life, Sim City ou World of Warcraft.
Cette idée est perturbante. Penser que l’univers pourrait être créé à partir d’un ordinateur appartenant à un Geek du futur. Cela aurait le mérite de répondre à une question théologique fondamentale : pourquoi Dieu autorise tant de haine dans le monde ? Pour les mêmes raisons que nous autorisons la peste et les raz de marée dans nos jeux. La paix : c’est ennuyeux.
Une autre question pratique : comment se comporter si tout ça n’est que simulation ? Cela n’a plus d’importance me direz-vous puisque rien n’est réel. Mais ce n’est pas parce que notre cerveau est susceptible d’être géré et généré à partir de matériaux futuristes que nos sentiments sont moins réels. David J. Chalmers, philosophe à l’ Australian National University, soutient que cette hypothèse n’est pas issue du scepticisme, mais qu’elle est simplement une explication métaphysique différente de notre monde. Quelle que soit la vérité, nous aspirons toujours à une longue vie, la plus longue possible dans notre monde (virtuel ?). Vivre vieux ? Cela sous-entend, peut-être, de suivre les principes moraux fondamentaux partagés par notre geek créateur et ainsi être récompensé d’avoir été une bonne personne. Ou comme l’a suggéré l’économiste Robin Hanson de George Mason University, de profiter, d’être une personne intéressée et intéressante au possible, si l’on considère que le créateur de la simulation aspire vous garder pour le « next episode », l’add-on ou la suite de la simulation. Pour plus d’informations sur les stratégies de survie au sein d’une simulation informatique, consulter www.nytimes.com/tierneylab.
Évidemment, il nous est impossible de deviner ce que le créateur de la simulation souhaite et ce à quoi il ressemble. Il ou elle est de plastique, de chair, virtuel ? Il est possible que nous fassions partie d’une simulation faisant partie d’une autre simulation, faisant partie d’une autre simulation etc. pour atteindre en bout de chaîne l’architecte de la toute première simulation : le premier designer (le terme de « prime designer » a été inventé par John Tierney le journaliste du New York Times). Le « prime designer » autorisera t-il ses créations à simuler leurs propres mondes ?
Ce n’est que lorsque les individus deviennent suffisamment intelligents qu’ils réalisent qu’ils sont probablement dans un monde virtuel et créent le leur. Est-ce que cela pose problème au prime designer ? Si les simulations devaient s’arrêter lorsque les habitants virtuels comprennent ce qu’il se trame je ne devrais peut-être pas relayer l’article de John Tierney et les idées de Nick Bostrom (mon inquiétude est identique à celle de John Tierney), nous espérons, sans pour autant nous connaître, que le premier designer sera tolérant, ou curieux de savoir comment vous allez réagir.
Néanmoins, cela peut poser des problèmes d’ordre logiciel et technique, créer simulation sur simulation peut engendrer des défaillances et empêcher le bon fonctionnement des simulations suivantes. D’autant que le phénomène est exponentiel. C’est une très mauvaise nouvelle si l’on se fie aux experts informatiques. Un ordinateur capable d’émuler la totalité des cerveaux humains devrait voir le jour aux alentours de 2050. Nous pourrions alors commencer nos propres simulations et observer nos propres mondes virtuels, mais aussi engendrer la perte de notre monde, pas par une explosion, pas par un réchauffement mais par un message du prime designer.
Cela pourrait être quelque chose comme « Mémoire insuffisante pour continuer la simulation ». Ou tout simplement : « Game Over ».
Lectures complémentaires :
« Our Lives, Controlled From Some Guy’s Couch » John Tierney, New York Times, 14 août 2007.
« Are You Living in a Computer Simulation? » Nick Bostrom, 2003
« How to Live In A Simulation. » Robin Hanson, Journal of Evolution and Technology, septembre 2001.
« The Matrix as Metaphysics. » David J. Chalmers, Site matrix.
« Historical Simulations – Motivational, Ethical and Legal Issues. » Peter S. Jenkins, Journal of Futures Studies, 2006.
Simulation-argument.com, Nick Bostrom.
Pour les anglophones, rejoignez la discussion « Could we be living in a computer simulation? » sur TierneyLab
Passé virtuel ?
bonjour
juste une petite question : il y a quelques il y avait eu un film parlant justement de ça et les createurs de ce monde « virtuel » pouvaient s’y rendre. connaissez vous le nom? et ce n’est pas matrix.
d’avance merci beaucoup
xavier
Existenz peut-être ?
« Considère l’ordinateur qui te permet de consulter cette explication de Textes en ligne : normalement, son processeur exécute en parallèle toutes sortes de programmes vraiment utiles. Mais imaginons qu’un jour, l’antivirus qui le surveille donne l’alarme… Est-ce que tu te dis que c’est le processeur qui a un défaut ? Non, ce n’est généralement pas à ce niveau que se situe le problème. Ce circuit électronique multitâche fait tourner aussi bien les “ bons ” programmes, que les malveillants : ce n’est probablement pas “ le Hard ” qui est malade, mais “ le Soft ” (ce qui est mou, déformable et changeant).
Le Soft, dans cette comparaison limitée, c’est le monde de la Forme (la Création), et le Hard représente l’Être solide et éternel – le Roc de David . Le point fort des ordinateurs, c’est leur partie molle : elle leur permet de prendre de nombreuses formes et de s’adapter à toutes sortes de tâches (contrairement aux pures “ quincailleries ” figées), mais c’est aussi leur point faible… C’est là que les virus attaquent, dans le tendre, le souple, le déformable, pour tenter de transformer les machines en zombies, de prendre le contrôle de leur mémoire, de détruire ou de voler leurs données (les Formes), et ces virus sont eux-mêmes des softs auxquels le processeur prête vie…
Alors on lance de bons softs qui permettront de réparer le système malade (les Prophètes). Mais la situation s’aggrave tellement, lors de l’apparition du “ virus hellène ”, qu’il faut désinstaller et remplacer le premier antivirus, contaminé et incapable de protéger plus longtemps le système. Le Mal reflue alors, et l’appareil semble redevenu sain : c’est le Règne de mille ans. Puis un jour, le virus qui attendait son heure, caché dans le système de restauration, ressuscite et télécharge sept autres virus plus mauvais que lui !
Pour ne pas tout perdre, on essaie alors de sauvegarder les données auxquelles on tient le plus (les appelés), en triant (Jugement dernier) celles qui ne sont pas contaminées (les élus) ; on reformate le disque dur (Fin du Monde) et on change de système d’exploitation :
« Voici que je fais toutes choses nouvelles ! »
(dit Celui qui est assis sur le trône.)
Sinon, oui, le premier Designer a laissé un Message, dont voici quelques extraits : « Pas un seul oiseau, ni un cheveu de votre tête ne tombe sans l’intervention de votre Père »
« Par le Logos, (Intelligence créatrice qui EST au commencement) tout a paru et sans lui rien n’a paru de ce qui est paru »
« Toutes choses subsistent en Lui »
et bien d’autres…
Nous baignons dans l’Esprit, nous en avons perdu conscience, et nous nous prenons, à la suite d’une erreur des premiers personnages du Jeu, pour des individus séparés de cet Esprit.
Le but du jeu, est que les personnages sont tenus de retrouver cette Réalité (chercher la Vérité) avant le game over. 🙂
Je ne pense pas qu’il faille proposer aux grand public de ce type d’information . par ailleurs, seuls ceux qui cherchent peuvent avoir accès à l’information car, à priori, ils sont prêts à encaisser le choc. Ne dit on pas qu’aucun initié ou sage ne dira jamais rien au sujet de la vérité ? Il faut s’en rendre compte par soi même ! Peut on atterrir sur un site comme celui-ci si on ne se pose aucune question ? La chance est minime. La grande question est : que faire si l’on pense être dans un monde totalement virtuel ? Faire comme si de rien et continuer à vivre ? Devenir fou ? Ne plus rien respecter en se disant que de toutes façons tout est faux ? Je dirai qu’il peut facilement exister des mondes virtuels différents et que les méchants iront y faire un tour … juste pour voir. Paradis et enfer peuvent désormais s’expliquer. Il n’en reste pas moins qu’il y a des règles, des lois qui font que l’on peut se sentir plus ou moins bien en les respectant ou au contraire en agissant comme si elles n’existaient pas. Finalement, le fait de savoir ne fera pas changer le comportement des braves gens, par contre, ceux qui commettent crimes et autres atrocités pourraient bien être calmer sachant ce qui les attends …
Je crois que toutes les hypothèses sont envisageables.
Dans ce monde tout est objet comme en programmation.
Est-ce l’informatique qui a prit ce qui nous entoure comme modèle ou l’inverse?
Peut être vivons nous une simulation que nous avons nous même choisi, ce qui induirait que tout ceux qui nous entournent ne sont que des programmes ou que l’on rejoint une partie à un moment désiré. Dans le 1er cas cela veut dire soit que je suis le seul à réellement exister en dehors de cette simulation ou que chacun joue dans son propre univers.
dans le second cas nous existons tous autre part et nous vivons ensemble dans cette simulation.
Pour l’un ou l’autre des cas cela traduit soit un très grand ennui dans l’existance réelle ou une totale abscence d’émotion de sentiment etc… que seul la simulation peut offrir et qu’en aucun cas le souvenir ne doit venir perturber cette vie.
oui mais dans ce cas pourquois le programme ne nous empeshe t’il pas de nous poser ces question qui pourrait mettre en peril la simulation ?
Désolé pour les fautes :
super-pouvoir —> super-pouvoirs
tout à fait —> tout-à-fait
on —> ont
Wow ! Le commentaire d’Ewah prouve qu’il (ou elle) n’a rien compris.
Où est le geek ? Réponse : Dans l’univers physique « réel » qui nous est en principe inaccessible (on ne peut donc pas trouver le geek).
Les scientifiques ne se rendraient-ils pas compte de quelque chose ? Réponse : Aucunement, puisque la simulation reproduit les lois physiques réelles.
Ne pourrions-nous pas avoir de super-pouvoir ? Réponse : Non… pour la même raison.
Pourquoi les êtres évoluent-ils ? Réponse : Même chose…
Ça tient tout à fait la route. On peut y « croire » ou non. Mais en aucun cas on ne peut réfuter l’hypothèse. C’est une possibilité logique qu’il est impossible d’écarter.
Je n’y crois pas une seule seconde , où se trouverait le soit disant Geek qui joue ?
La science a fait moultes experiences sur l’univers etc etc .. elle se serait rendu compte de quelque chose.
Si nous nous trouvons dans un monde virtuel, pourquoi n’a t on pas de super pouvoir ? pourquoi sommes nous contraints des lois physique ? Pourquoi les être vivants se transforment ?
Ca ne tient vraiment pas la route ..