N’importe qui ?

Par Kevin le 13 juin 2017 — 3 mins de lecture

Consécutivement au premier tour des élections législatives 2017, et au raz-de-marée de La République en Marche, de nombreuses personnes s’offusquent quant aux profils inexpérimentés des candidats investis. N’importe qui peut-il gagner une circonscription ? Pouvons-nous remettre en cause lesdits candidats ?

D’un côté, soyons honnêtes et lucides, à l’évidence avec un regard strictement lié à l’investissement passé et aux compétences politiques, les résultats sont cruels. Des femmes et hommes qui se sont investis plusieurs années sur leurs circonscriptions respectives sont désormais victimes d’une vague qu’ils n’avaient, pour certains, pas anticipée. In fine, peu importe si ces derniers ont multiplié les sophismes ou si ils ont été d’excellents députés, peu importe l’étiquette politique, les attentes des Français sur le renouvellement de la vie politique sont immenses. Vous avez dit rupture ? Inexorablement les envies de changement sont plus grandes que les réalisations du passé.

La conséquence directe de nos loupés politiques se produit. Chance pour nous, elle se produit avec La République en Marche et non pas avec l’un des extrêmes. Pour paraphraser, Gary Lineker, sportif plus que philosophe : « Football is a simple game. Twenty-two men chase a ball for 90 minutes and at the end, the Germans always win. »*. Nous pourrions appliquer ce constat simpliste et fataliste aux récents évènement politiques : « Les élections législatives sont simples, à la fin, quoique l’on fasse, c’est LREM qui gagne. »

En ce sens, pouvons-nous donc attester que n’importe quel quidam peut gagner ? Si nous considérons que « n’importe qui » (terme qui d’ordinaire indique une personne dont l’identité importe peu et que l’on peut choisir librement) est une personne sans aucune expérience politique, la réponse est oui. En sus des militants et des équipes de campagne, la quête de renouveau et l’étiquette La République en Marche portent les candidats investis bien au-delà des savoir-faire et pré-requis politiques.

D’un autre côté, pouvons-nous juger que lesdits candidats sont ou seront incompétents pour remplir la fonction de député, et ce, par manque d’expérience ? Clairement, non. Ce n’est pas parce que l’on n’a pas d’expérience en politique, que l’on n’a pas d’expérience. Ma vie entrepreneuriale a vu et voit grandir et devenir expertes des personnes qui n’avaient aucune expérience précise dans tel ou tel domaine. Elles avaient, en revanche, une riche expérience sur d’autres sujets et une envie immuable d’apprendre, d’évoluer, de changer. L’expérience se forge au fur et à mesure des années, et ce, quel que soit le métier ou le poste occupé.

La professionnalisation de la vie politique, la forte inertie et les conflits d’intérêts constituent autant de raisons pour lesquelles une partie des élus se sont déconnectés de ce que vivent les Français. Et, donc, l’une des raisons pour laquelle les Français se sont éloignés des politiques. Dans un pays en crise et au système politique fatigué, la nouvelle voie tracée offre l’occasion de dépasser les immobilismes stériles, les postures convenues et les outrances électoralistes.

In fine, c’est l’expression de la souveraineté populaire et de la volonté générale qui s’est exprimée. Les Français ne sont pas intéressés par la chute des partis traditionnels mais par les vraies problématiques du quotidien. Ils ont choisi la rupture au détriment d’une politique traditionnelle qui ne satisfait plus. Les expériences représentatives du réel, en dehors du paysage politique, deviennent donc des atouts au service de la campagne des élections législatives résolument axée sur la rupture.

Le candidat « n’importe qui » est donc et avant tout un représentant expérimenté de la société civile qui incarne l’esprit de conquête et créé de nouvelles solidarités. Il a une occasion unique d’être à la hauteur de lui-même en étant audacieux, cohérent et au service de la France. Il convient désormais de lui rappeler humblement et simplement que l’on ne nait pas expert et que le chemin sera long. Au-delà de l’étiquette, admettons également, sans détours et avec bienveillance, que le sort réservé aux prédécesseurs, parfois des députés assidus et efficaces, est et restera cruel.

* Le football est un jeu simple ; 22 hommes courent après un ballon pendant 90 minutes et, à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent.

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