Inutile de rappeler le triste sort du Compact Disc, l’agonie des films sur support physique (supports physiques sauvés, de peu, par le Blu-Ray ou plus exactement par le poids d’un fichier HD vs. nos connexions Internet), les décès de Virgin Mega Store et de GAME. Sans oublier le carton de Steam (plateforme de téléchargement de jeux vidéos) qui donne d’ailleurs des idées à Sony. Le géant nippon souhaite proposer, alternativement à une version « boîte », tous les futurs jeux de la Playstation 4 en téléchargement.
Le constat est donc simple, le débat n’est plus de mise, le support physique pour la musique, les films et les jeux : c’est fini. A l’instar du disque microsillon de papa, et si ce n’est pas déjà le cas, les CD et DVD deviendront des objets pour collectionneurs.
Et le livre ? Seul rescapé ?
Tout d’abord, qu’on se le dise, la dématérialisation du livre ne date pas de l’iPad, je me souviens tout particulièrement d’un e-reader fourni par le journal Les Echos en 2007. Ce livre numérique, fabriqué par Ganaxa, m’avait agréablement surpris au moment où le premier iPhone était à peine annoncé… C’était il y a 5 ans, c’était en N&B ! Entre temps, de l’eau a coulé sous les ponts et Apple tend désormais à démocratiser ce support de lecture (e-reader, tablette) grâce à un savant mélange entre : son iTunes, une maitrise acerbe de l’utilisabilité, une agilité dans l’utilisation de l’adage « tu as donc tu es » et un savoir-faire hors norme dans la distorsion de l’utilité (autrement appelée la création du besoin).
Toujours en 2007, il existait aussi et bien sur le Kindle d’Amazon mais celui-ci n’était disponible qu’aux Etats-Unis… Depuis, il a très largement été amélioré tout en restant interconnecté avec le compte personnel du client (comprenez un identifiant unique entre Amazon.fr et son propre Kindle). Ce qui permet en outre, pour les possesseurs d’un abonnement Amazon Premium, de bénéficier d’une offre ingénieuse ! En tant que membre Premium, il est possible, une fois par mois, d’emprunter (télécharger sans « date de retour » mais limiter à un emprunt à la fois), un e-book parmi les 200 000 ouvrages proposés.
Google n’est pas en reste et travaille activement (depuis 10 ans), sur la numérisation des livres. Il y a Google Books pour rechercher au sein mêmes des ouvrages et désormais Google Play pour acheter vos e-books. En outre, et sans nécessairement en avoir conscience, vous contribuez activement à la qualification de l’index (base de données) des manuscrits numérisés chez Google en renseignant des captcha. Un captcha est une suite de caractères, souvent présente sur les formulaires, que l’on vous demande de réécrire pour prouver que vous n’êtes pas un robot. Le système s’appelle reCAPTCHA , il appartient à Google depuis 2009.
Et comme si cela ne suffisait pas, annoncé hier, le Texas aura droit à la première bibliothèque bookless des Etats-Unis (la première du monde ?). Une bibliothèque donc sans livre… mais avec des e-readers et donc des e-books. Un moyen de garder l’aspect convivial et studieux du lieu tout en faisant évoluer le support.
Sans oublier l’aspect écologique très en vogue (moins de papier, plus d’arbres), et le fait qu’en Ecosse (pays qui a connu d’importantes réformes éducatives) une école privée a décidé d’équiper tous ses élèves exclusivement d’iPad...
Le message a été de nombreuses fois répété, qu’on le veuille ou non, nous avons adapté une partie de notre comportement à Internet. L’accès rapide à l’information et aux contenus, a profondément bouleversé nos habitudes de consommation et notre faculté à chiner, patienter, accorder une valeur certaine à l’objet.
L’omniprésence technologique exercée par Apple, Amazon ou encore Google, est si oppressante qu’il devient impossible, sinon d’être marginal, d’échapper aux usages que l’on veut bien nous louer. Nous commençons par lire un article de blog, le blog, un magazine en ligne puis un livre numérique tout entier. Nous prenons conscience de l’innovation que lorsque l’invention est remplacée par une nouvelle invention rendant ainsi obsolète la forme précédente. Il est donc complexe, sans cette prise de conscience, de s’opposer aux innovations, et à leurs éventuels méfaits, qui nous conduisent dans ce cas à une dématérialisation quasi inévitable de nos ouvrages.
Je ne pense pas que le livre soit amené à disparaitre et qu’il restera le seul rescapé. La plu-value du papier pour la lecture est chère pour beaucoup de gens (y a t’il des études ?), comme je pense que la presse papier à un avenir. Certes pas au niveau de son passé, mais je pense que 1/ On ne peut pas changer toutes les habitudes d’un coup, et 2/ et surtout l’appliquer à la totalité de la population. Il restera un marché relativement faible mais qui existera dans les 20 prochaines années.